samedi 31 août 2013

Afrique, Haut Débit et innovation

Le mardi 20 août 2013, le fondateur et patron de Facebook a annoncé le lancement du projet internet.org (www.internet.org) destiné à connecter les 2/3 de l’humanité (5 milliards de personnes) qui n’ont pas encore accès à l’Internet. Compte de l’immensité de la tâche, Facebook s’est associé d’autres géants des TIC (Ericsson, Mediatek, Nokia, Opera, Qualcomm et Samsung) pour mener à bien ce projet philanthrope et intéressé. Cette importante initiative, qui fait écho au projet Loon de Google auquel j’ai consacré mon article du 22 juin dernier et qui s’appuie essentiellement sur le mobile, a pour objectif de relever 3 principaux défis : - faciliter l’accès à l’Internet par une action sur les coûts (utilisation des réseaux, smartphones low cost) et la desserte des zones géographiques éloignées et/ou isolées ; - améliorer l’efficacité de la transmission des données dans les réseaux, notamment en investissant dans le développement de nouveaux outils et méthodes de compréhension des données ; - promouvoir, développer investir dans de nouveaux modèles d’affaires et de nouveaux services pour permettre au plus grand nombre de se connecter à l’Internet. Ce nouveau projet lancé des acteurs majeurs des TIC, après celui de Google, suscite en mois quelques réflexions : 1) Les opérateurs de télécom, dont les infrastructures seront peu ou prou utilisées dans ce genre de projets, semblent être marginalisés par ces nouveaux géants qui pondent et couvent leurs œufs leur nid: aucun d’entre eux n’est partie prenante de ces initiatives. Pour survivre, ils doivent rapidement reprendre la main ; 2) « Connecter les non connectés » semble être devenu une affaire intéressante, car, malgré les professions de foi, ces projets n’ont pas qu’un but humanitaire. C’est un puissant relais de croissance future pour tous ces grands acteurs de l’économie numérique. Répondant à une question sur Google et les supposés bénéfices que la connexion à Internet peut apporter aux populations déshérités, Bill Gates disait récemment : « quand vous êtes en train de mourir de paludisme et que vous regardez le ciel et voyez un ballon, je ne suis pas sûr que cela puisse vous être d’un quelconque secours. Lorsqu’un enfant a la diarrhée, aucun site web ne peut le soulager. Je crois très fortement à la révolution numérique : connecter des centres de santé, des écoles, c’est une bonne chose. Mais toutes ces choses ne sont pas vraiment pour les pays très pauvres tant que ne vous luttez pas en même temps contre le paludisme ». Je suis d’accord avec lui : il faut démythifier l’Internet tout en restant un fervent partisan de son utilisation massive et volontariste dans tous les domaines d’activité ; c’est un accélérateur de développement, mais pas une panacée ; 3) L’Afrique officielle semble être absente de toutes ces initiatives, trop silencieuse. Qu’attendent l’UA (NEPAD ?), la CEDEAO, la SADDC pour lancer des initiatives d’inclusion numérique réalistes, réalisables et à fort impact sur la vie des populations africaines ; 4) Toutes ces initiatives, pour importantes qu’elles sont, semblent s’en tenir à apporter les moyens techniques et technologiques d’accès à l’Internet : réseaux d’accès aux zones les plus reculés, terminaux d’accès à bas coût. Mais il est très peu fait état des contenus, notamment ceux destinées à ceux qui ne savant ni lire, ni écrire. C’est vrai que ces nouveaux moyens d’accès permettront tous les usages possibles et imaginables ; mais pour qu’ils soient vraiment bénéfiques au plus grand nombre et qu’ils aient un véritable impact positif sur nos sociétés et nos économies, c’est dès maintenant qu’il faut commencer à concevoir à développer les services et applications vocaux et vidéos à base de contenus africains. Il est encore temps pour l’Afrique de jouer sa partition pour ne pas rater le train de la révolution numérique. Merci et bonne journée

1 commentaire:

Karim a dit…

Encore un appel du cœur et de la raison lancé à l'endroit des décideurs dits "impersonnels" (nos Etats).
La relative facilité et l'indispensable nécessité pour l'avenir de nos jeunes nations (riches fort justement comme tu le dis ailleurs de leur jeunesse) à prendre en marche le train de la révolution numérique en créant nos propres contenus nous obligent à trouver d'autres voies, moyens et interlocuteurs qui permettront d'arriver à notre fin.
Je pense qu'il est encore temps de s'adresser au secteur privé en leur trouvant des moyens et des raisons suffisamment incitatifs pour comblent le gap des contenus comme le fait des fois d'ailleurs (insuffisamment malheureusement!) Orange.
Nos Etats restent ce qu'ils sont i.e un conglomérat de ministères peu ou pas du tout interconnectés et coordonnés, remplis de cadres de haut niveau et parfois aussi de piètre qualité, entourés de beaux bureaux aux tiroirs eux-mêmes bourrés de papiers portant sur tous les problèmes de la nation avec les meilleures solutions conceptuelles possibles. Tout ça pour rien. Tout simplement parce que le décideur final reste ... introuvable.
Bon courage, très cher frère et continue à faire ton boulot : tirer sur la sonnette d'alarme afin que ...nul n'en ignore!